L’histoire a privé les guinéens de l’intelligence de construire notre Nation sur nos propres valeurs, nos propres institutions. Notre État est le produit de modes de pensées négationnistes, calqués sur les sentiments unilatéraux, parfois dangereux pour le vivre-ensemble.
Tenter aujourd’hui de revenir aux identités et aux ressources ancestrales comme bases de la construction de la nation guinéenne risquerait l’effondrement de notre pays, notre solidarité et encore plus, notre démocratie. Dans le même temps, ignorer les réalités ethniques reviendrait à construire sur du sable meuble, également un exercice à haut risque.
L’ethnie est plus que les caractéristiques physiques, plus que la langue, où tout autre élément culturel. C’est l’incarnation des valeurs, des institutions et des modèles de comportement, un tout composite représentant l’expérience historique, les aspirations et la vision du monde d’un peuple.
Aujourd’hui, pratiquement tous les conflits dans notre pays ont une dimension ethno-régionale. Même les conflits qui peuvent sembler exempts de préoccupations ethniques impliquent des factions et des alliances construites autour de positionnement ethnique.
L’émergence de la conscience ethnique et du nationalisme est une force volatile et de plus en plus puissante en Guinée. De toute l’histoire, chaque fait évoque pour certains un souvenir douloureux. De Sékou Touré a Condé, chaque pan de notre jeune histoire crée des tumultes.
Ce que ces débats révèlent, ce sont plutôt la nature des guinéens qui se font la promesse de n’être d’accord que sur ce qui divise.
Dommage, pauvre pays !
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